Il y eut un précédent... Deux jours plus tard, passé le cap tant attendu du 22 avril 2012, son verdict rendu, me revoici plongé dans un intense soliloque à deux voix.
— Tout de même... Tout de même !...
— Te voilà bien fier !
— Je déguste ma sagacité. Je ne suis pas mécontent de mon cerveau. Je ferais un excellent analyste politique et une Germaine Soleil tout ce qu'il y a de plus acceptable.
— De fait, tes prévisions ne manquaient pas de pertinence : les deux qualifiés dans l'ordre d'arrivée, l'écart faible entre eux, la hauteur du score de Marine Le Pen, le report des voix de droite favorable à Sarkozy... Tu as juste été un peu trop généreux avec Mélenchon que tu voyais derrière Le Pen, mais plus haut qu'il ne finit.
— Les fumées de la révolution promise ont quelque peu altéré mon jugement sur les capacités de Mélenchon à trouer le mur du son. Qui n'a pas été, comme moi, intoxiqué ? Je suis agréablement surpris par la piètre performance de ce Robespierre en chocolat. La petite sale bête montait, montait ! Elle va devoir redescendre à toute allure de son petit nuage sanguinolent.
— On a compris que tu ne l'aimais pas....
— Rien à battre du bonhomme. Il n'est pas question de lui, mais de ses idées. Il se présentait comme l'un des candidats opposés au système, mais il a axé toute sa campagne contre Marine Le Pen qui le concurrençait sur ce thème, sans avoir jamais fait partie, elle ni son parti, du système dénoncé. Mélenchon, lui, a navigué trente ans durant sur le pédalo socialiste et s'en trouvait, ma foi, fort aise, jusque tout récemment, carrière faite, avant de comprendre soudain qu'il ne serait jamais autre chose sur ce rafiot-là qu'un ravaudeur de filets. C'est un renégat et un opportuniste.
— Mais il a du talent, tout de même.
— Comme tribun ? Nous sommes d'accord. Hitler aussi avait ce talent-là. On appelle ça de l'esbroufe.
— Ouche !... Bon... Maintenant que les finalistes sont connus, comment vois-tu la suite ?
— J'ai lu déjà pas mal de sottises. Le Figaro présentait dans la soirée Marine Le Pen comme l'arbitre du second tour. Ce sera Bayrou l'arbitre et non Le Pen. Marine Le Pen et ses électeurs auront certes un rôle à jouer, et crucial, mais ce ne sera pas celui d'arbitre qui est dévolu au seul candidat à n'être ni de droite, ni de gauche.
— N'est-ce pas un peu chipoter sur les mots ?
— En aucune façon. Bayrou seul peut se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des protagonistes. Marine Le Pen ne peut que se prononcer en faveur de Sarkozy ou ne pas se prononcer du tout. Jamais elle n'incitera ses électeurs à élire Hollande. C'est une certitude que j'énonce là. Elle n'appellera jamais à voter Hollande, même si dans son for intérieur elle souhaite que Sarkozy morde la poussière. À tout moment Bayrou peut, lui, choisir.
— Ce qui ne signifierait pas qu'il soit suivi par ses électeurs...
— Il n'a pas le pouvoir de ramasser ses voix pour les offrir à Hollande, c'est sûr. Il peut néanmoins, en indiquant son choix, influencer les plus indécis de ses partisans qui, sinon, s'abstiendraient peut-être.
— Les sondages pour le second tour effectués à la sortie des isoloirs demeurent plus que jamais très favorables au candidat du PS. Comment expliquer que Hollande puisse littéralement laminer Sarkozy quand la droite, au petit jeu des reports de voix, domine la gauche ?
— Regardons les chiffres. Nous avons les résultats complets, moins les votes des Français de l'étranger. La droite, si on additionne mécaniquement les scores de Sarkozy, Le Pen et Dupont-Aignan, est à 46,89% ; la gauche, à 44,01%. L'arbitre du centre, Bayrou, est à 9,11%. Premier constat : la France penche à droite, mais s'apprêterait à élire triomphalement le candidat de gauche. Un truc va pas. C'est quoi ?
— On se le demande ! Tu vas sûrement nous éclairer...
— Je vais essayer au moins d'écarter quelques araignées... Ces sondages à chaud à la sortie des urnes sont encore une fois des sondages en beurre fondu. Ils font fi allègrement de la campagne du second tour et du fameux débat. Les sondés s'expriment comme s'il ne devait plus rien se passer jusqu'au 6 mai. Or il va se passer un tourbillon nommé Sarkozy et il risque de se passer un effondrement de fromage dans le garde-manger, si tu permets. Les positions sont arrêtées pour le moment, mais elles vont évoluer. Maintenant, ces sondages indiquent tout de même que Sarkozy va devoir y aller les deux cornes en avant s'il veut gagner. Le report des voix est moindre pour la gauche, mais il est assuré, puisque tous se sont prononcés, je crois, en faveur de Hollande. À droite, le report n'est que virtuel.
— Il semblerait effectivement que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan se taisent.
— Marine Le Pen ne s'est pas tue. Elle refuse de choisir et c'est logique.
— Logique ? Elle est de droite, et même d'extrême droite, et elle refuse de choisir sa famille politique contre des étrangers à têtes de gargouilles et de lampyres ! C'est tout, sauf logique.
— Ce n'est pas à elle de bouger. Elle n'a rien à demander. Ce n'est plus elle qui a besoin de suffrages, mais Sarkozy. Si Sarko continue de snober le Front tout en essayant de racoler ses partisans, eh bien il peut ordonner à Carla de boucler les valises : c'est fini.
— Xavier Bertrand a déjà déclaré qu'il n'y aurait pas de négociations avec le FN...
— Xavier Bertrand est une lamentable andouille que Sarkozy devrait expédier sur la Lune d'un coup de botte dans le derrière. Autant dire alors : « Nous avons perdu. »
— C'est un fait que les premières déclarations de Sarkozy, celles de Guaino, n'allaient pas dans le sens de la vertu drapée de probité candide, etc.
— Ils n'ont pas laissé entendre non plus qu'il y aurait des négociations, et de toutes façons il n'y en aura pas. Mais Sarkozy peut inscrire dans son projet des propositions qui séduiront ceux des électeurs du Front qui ont autre chose dans le ciboulot qu'une haine recuite de Sarkozy. Encore une fois c'est l'avenir immédiat de la France qui est en jeu, pour cinq ans, et pas seulement l'avenir d'un Sarkozy que beaucoup souhaitent tué.
— Le bon sens, une fois de plus, contre les passions...
— Toujours, et à chaque instant ! Les Français sont intelligents. Il leur reste à l'être un peu plus.
— Es-tu plus optimiste aujourd'hui quant aux chances de Sarkozy ?
— Froidement, comme ça, non. Mais il peut encore gagner, parce qu'il doit gagner.
— Tu le vois sortir de son chapeau un lapin géant ?
— Ce n'est pas un lapin, mais un taureau qu'il devrait sortir de son chapeau !... Je ne crois pas qu'il doive renchérir avec de nouvelles propositions. La partie est délicate. Il lui faut convaincre une très forte majorité des électeurs de Marine Le Pen et en même temps ne surtout pas effaroucher ceux de Bayrou. Les arguments psychologiques et non plus uniquement politiques sont appelés à jouer le rôle majeur.
— Sans doute est-ce présomptueux, mais quels conseils donnerais-tu à Nicolas Sarkozy ?
— Une chose qu'il doit comprendre, c'est que les électeurs de Marine Le Pen n'ont pas le front bas qu'on leur prête. Ne pas leur parler comme à des attardés mentaux me semble primordial. Cesser ensuite de les prendre pour les désespérés qu'ils ne sont pas. Ce ne sont pas des brebis égarées qu'un coup de sifflet ou de suaves propos ramèneront au bercail. Il ne faut pas les flatter non plus, mais les convaincre, sinon d'adhérer au projet de l'UMP, de la nuisance absolue que représente POUR LA FRANCE le Hollandais et sa clique. Mettre la nation au premier plan, l'exalter ! De la grandeur nom de Dieu, du drame ! C'est là qu'intervient le débat avec Hollande. Sarkozy doit mettre à poil ce marchand d'illusions, littéralement. Il doit le ridiculiser devant la France entière, montrer et faire rire du petit zizi hollandais. Hollande doit être en pièces détachées à la fin du débat, il doit avoir sué maladivement, pleuré, mouillé son pantalon ou que sais-je encore dans le genre catastrophique. Alors Sarkozy peut l'emporter.
— Nous en resterons là. Des projets ?
— Pour ce qui est de cette élection, je n'interviendrai plus avant le débat du 2 mai, sauf imprévu. Nous tâcherons de faire une dernière analyse avant l'horrible journée du 6 mai.
— Horrible ?
— Doublement. L'attente du résultat sera horrible mais au fond délicieuse, et la soirée sera horrible si jamais qui tu sais l'emporte...
— De fait, tes prévisions ne manquaient pas de pertinence : les deux qualifiés dans l'ordre d'arrivée, l'écart faible entre eux, la hauteur du score de Marine Le Pen, le report des voix de droite favorable à Sarkozy... Tu as juste été un peu trop généreux avec Mélenchon que tu voyais derrière Le Pen, mais plus haut qu'il ne finit.
— Les fumées de la révolution promise ont quelque peu altéré mon jugement sur les capacités de Mélenchon à trouer le mur du son. Qui n'a pas été, comme moi, intoxiqué ? Je suis agréablement surpris par la piètre performance de ce Robespierre en chocolat. La petite sale bête montait, montait ! Elle va devoir redescendre à toute allure de son petit nuage sanguinolent.
— On a compris que tu ne l'aimais pas....
— Rien à battre du bonhomme. Il n'est pas question de lui, mais de ses idées. Il se présentait comme l'un des candidats opposés au système, mais il a axé toute sa campagne contre Marine Le Pen qui le concurrençait sur ce thème, sans avoir jamais fait partie, elle ni son parti, du système dénoncé. Mélenchon, lui, a navigué trente ans durant sur le pédalo socialiste et s'en trouvait, ma foi, fort aise, jusque tout récemment, carrière faite, avant de comprendre soudain qu'il ne serait jamais autre chose sur ce rafiot-là qu'un ravaudeur de filets. C'est un renégat et un opportuniste.
— Mais il a du talent, tout de même.
— Comme tribun ? Nous sommes d'accord. Hitler aussi avait ce talent-là. On appelle ça de l'esbroufe.
— Ouche !... Bon... Maintenant que les finalistes sont connus, comment vois-tu la suite ?
— J'ai lu déjà pas mal de sottises. Le Figaro présentait dans la soirée Marine Le Pen comme l'arbitre du second tour. Ce sera Bayrou l'arbitre et non Le Pen. Marine Le Pen et ses électeurs auront certes un rôle à jouer, et crucial, mais ce ne sera pas celui d'arbitre qui est dévolu au seul candidat à n'être ni de droite, ni de gauche.
— N'est-ce pas un peu chipoter sur les mots ?
— En aucune façon. Bayrou seul peut se prononcer en faveur de l'un ou l'autre des protagonistes. Marine Le Pen ne peut que se prononcer en faveur de Sarkozy ou ne pas se prononcer du tout. Jamais elle n'incitera ses électeurs à élire Hollande. C'est une certitude que j'énonce là. Elle n'appellera jamais à voter Hollande, même si dans son for intérieur elle souhaite que Sarkozy morde la poussière. À tout moment Bayrou peut, lui, choisir.
— Ce qui ne signifierait pas qu'il soit suivi par ses électeurs...
— Il n'a pas le pouvoir de ramasser ses voix pour les offrir à Hollande, c'est sûr. Il peut néanmoins, en indiquant son choix, influencer les plus indécis de ses partisans qui, sinon, s'abstiendraient peut-être.
— Les sondages pour le second tour effectués à la sortie des isoloirs demeurent plus que jamais très favorables au candidat du PS. Comment expliquer que Hollande puisse littéralement laminer Sarkozy quand la droite, au petit jeu des reports de voix, domine la gauche ?
— Regardons les chiffres. Nous avons les résultats complets, moins les votes des Français de l'étranger. La droite, si on additionne mécaniquement les scores de Sarkozy, Le Pen et Dupont-Aignan, est à 46,89% ; la gauche, à 44,01%. L'arbitre du centre, Bayrou, est à 9,11%. Premier constat : la France penche à droite, mais s'apprêterait à élire triomphalement le candidat de gauche. Un truc va pas. C'est quoi ?
— On se le demande ! Tu vas sûrement nous éclairer...
— Je vais essayer au moins d'écarter quelques araignées... Ces sondages à chaud à la sortie des urnes sont encore une fois des sondages en beurre fondu. Ils font fi allègrement de la campagne du second tour et du fameux débat. Les sondés s'expriment comme s'il ne devait plus rien se passer jusqu'au 6 mai. Or il va se passer un tourbillon nommé Sarkozy et il risque de se passer un effondrement de fromage dans le garde-manger, si tu permets. Les positions sont arrêtées pour le moment, mais elles vont évoluer. Maintenant, ces sondages indiquent tout de même que Sarkozy va devoir y aller les deux cornes en avant s'il veut gagner. Le report des voix est moindre pour la gauche, mais il est assuré, puisque tous se sont prononcés, je crois, en faveur de Hollande. À droite, le report n'est que virtuel.
— Il semblerait effectivement que Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan se taisent.
— Marine Le Pen ne s'est pas tue. Elle refuse de choisir et c'est logique.
— Logique ? Elle est de droite, et même d'extrême droite, et elle refuse de choisir sa famille politique contre des étrangers à têtes de gargouilles et de lampyres ! C'est tout, sauf logique.
— Ce n'est pas à elle de bouger. Elle n'a rien à demander. Ce n'est plus elle qui a besoin de suffrages, mais Sarkozy. Si Sarko continue de snober le Front tout en essayant de racoler ses partisans, eh bien il peut ordonner à Carla de boucler les valises : c'est fini.
— Xavier Bertrand a déjà déclaré qu'il n'y aurait pas de négociations avec le FN...
— Xavier Bertrand est une lamentable andouille que Sarkozy devrait expédier sur la Lune d'un coup de botte dans le derrière. Autant dire alors : « Nous avons perdu. »
— C'est un fait que les premières déclarations de Sarkozy, celles de Guaino, n'allaient pas dans le sens de la vertu drapée de probité candide, etc.
— Ils n'ont pas laissé entendre non plus qu'il y aurait des négociations, et de toutes façons il n'y en aura pas. Mais Sarkozy peut inscrire dans son projet des propositions qui séduiront ceux des électeurs du Front qui ont autre chose dans le ciboulot qu'une haine recuite de Sarkozy. Encore une fois c'est l'avenir immédiat de la France qui est en jeu, pour cinq ans, et pas seulement l'avenir d'un Sarkozy que beaucoup souhaitent tué.
— Le bon sens, une fois de plus, contre les passions...
— Toujours, et à chaque instant ! Les Français sont intelligents. Il leur reste à l'être un peu plus.
— Es-tu plus optimiste aujourd'hui quant aux chances de Sarkozy ?
— Froidement, comme ça, non. Mais il peut encore gagner, parce qu'il doit gagner.
— Tu le vois sortir de son chapeau un lapin géant ?
— Ce n'est pas un lapin, mais un taureau qu'il devrait sortir de son chapeau !... Je ne crois pas qu'il doive renchérir avec de nouvelles propositions. La partie est délicate. Il lui faut convaincre une très forte majorité des électeurs de Marine Le Pen et en même temps ne surtout pas effaroucher ceux de Bayrou. Les arguments psychologiques et non plus uniquement politiques sont appelés à jouer le rôle majeur.
— Sans doute est-ce présomptueux, mais quels conseils donnerais-tu à Nicolas Sarkozy ?
— Une chose qu'il doit comprendre, c'est que les électeurs de Marine Le Pen n'ont pas le front bas qu'on leur prête. Ne pas leur parler comme à des attardés mentaux me semble primordial. Cesser ensuite de les prendre pour les désespérés qu'ils ne sont pas. Ce ne sont pas des brebis égarées qu'un coup de sifflet ou de suaves propos ramèneront au bercail. Il ne faut pas les flatter non plus, mais les convaincre, sinon d'adhérer au projet de l'UMP, de la nuisance absolue que représente POUR LA FRANCE le Hollandais et sa clique. Mettre la nation au premier plan, l'exalter ! De la grandeur nom de Dieu, du drame ! C'est là qu'intervient le débat avec Hollande. Sarkozy doit mettre à poil ce marchand d'illusions, littéralement. Il doit le ridiculiser devant la France entière, montrer et faire rire du petit zizi hollandais. Hollande doit être en pièces détachées à la fin du débat, il doit avoir sué maladivement, pleuré, mouillé son pantalon ou que sais-je encore dans le genre catastrophique. Alors Sarkozy peut l'emporter.
— Nous en resterons là. Des projets ?
— Pour ce qui est de cette élection, je n'interviendrai plus avant le débat du 2 mai, sauf imprévu. Nous tâcherons de faire une dernière analyse avant l'horrible journée du 6 mai.
— Horrible ?
— Doublement. L'attente du résultat sera horrible mais au fond délicieuse, et la soirée sera horrible si jamais qui tu sais l'emporte...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire